Séminaire

2nd Distinguished Lecture: Que faire de l'identité et des identitaires?

Kamel Daoud

8 novembre 2018, 18h00–20h00

Université Toulouse Capitole, 2 rue des puits creusés, Cujas Amphitheater

Salle Amphithéâtre Cujas

Résumé

« Nous sommes arabes parce que nous ne sommes pas français ». « Nous sommes musulmans parce que nous ne sommes pas chrétiens et occidentaux ». « Nous sommes algériens parce que nous ne sommes pas arabes ». Le discours d’identité en Algérie est peut-être un parfait discours de la contradiction, pas de l’affirmation. Longtemps expression d’une orthodoxie politique bâtie sur le récit national de la décolonisation, ou expression de l’opposition qui défendait l’histoire amazigh du pays, le discours identitaire algérien semble muer et changer de main. Aujourd’hui, entre un occident fermé et dominant, une Afrique que l’on dit menaçante par ses flux migratoires et un Maghreb divisé par ses intérêts propres et exclusifs, ce discours est tombé dans l’usage des parties aux radicalismes à peine voilés. Islamistes, autonomistes et indépendantistes. Curieusement, les islamistes en font un usage paradoxal. On veut concilier à la fois l’idéal transnational d‘une Oumma ou d’un califat futur ou d’un Etat islamique, et une récupération du récit de la décolonisation qui avait pour but de libérer un peuple et un territoire précis pas de revenir aux croisades. Le discours identitaire est passé des mains d’une orthodoxie politique bâtie sur le récit de la guerre de Libération à l’usage du régime politique, à celui des islamistes et religieux. Aujourd’hui, ces derniers, comme partis politiques, personnalités ou syndicats, se posent en défenseurs de « l’identité », des « constantes nationales » et de « l’authenticité », en s’opposant à d’autres parties. Rôles autrefois révolus au discours du régime face à ses opposants. Le régime se retrouve arbitre entre ces radicalismes identitaires au lieu d’en être l’incarnation comme depuis l’indépendance du pays. Comment se décline ce nouveau discours identitaire ? Sur quels arguments d’histoire ou de propagande il repose ? Quel en est le but ? Comment le reconstruit-on et avec quels outils ? Comment définit-on l’Algérien, l’Arabe ou le musulman aujourd’hui en Algérie ou peut-être dans le Maghreb dans le nouveau discours identitaire ? Dans les médias et la littérature politique ? Que signifie ce mot « identité » pour moi, dans mon parcours, mon imaginaire ?

Référence

Kamel Daoud, « 2nd Distinguished Lecture: Que faire de l'identité et des identitaires? », IAST General Seminar, Toulouse : IAST, 8 novembre 2018, 18h00–20h00, Université Toulouse Capitole, 2 rue des puits creusés, Cujas Amphitheater.