Histoire

Présentation

Ces dernières décennies, l’Histoire et l’Économie ont, semble-t-il, pris des chemins très différents. D’un côté, les historiens, sans doute influencés par l’approche postmoderne, s’interdisent de "modéliser" l’histoire par le biais de théories générales, et mettent plutôt l’accent sur la relativité des vérités historiques, dont l’interprétation est obligatoirement dictée par le contexte. D’un autre côté, les économistes s’attachent à mettre en lumière la vérité universelle de la théorie économique en tant qu’outil conceptuel permettant de comprendre les comportements humains quels que soient l’époque ou le lieu, et donc, quel que soit le contexte. En plus de cette différence "conceptuelle" de premier ordre entre les deux disciplines, il existe aussi des "tensions" méthodologiques entre l’approche historique qualitative et l’analyse économique quantitative.
 
L’histoire et l’économie ont pourtant été proches dans le passé. De nombreux économistes de renom (par ex. Adam Smith, Karl Marx, W. W. Rostow, Milton Friedman, et Alexander Gerschenkron pour ne citer qu’eux) ont utilisé l’histoire, à des degrés divers, afin de mettre au point leurs théories sur le développement économique. De nombreux historiens, particulièrement ceux attachés à la tradition marxiste, n’hésitaient pas à utiliser la théorisation et la quantification dans le cadre de leurs recherches historiques.
 
La philosophie du Programme d’Histoire de l’Institute for Advanced Study in Toulouse (IAST) consiste à prendre en compte les différences conceptuelles et méthodologiques entre les deux disciplines tout en explorant les avantages apportés par un échange entre ces dernières (ou par les domaines de recherche qu’elles partagent). Pour y parvenir, l’IAST organise des activités variées, réunissant économistes et historiens, mais aussi chercheurs spécialisés dans d’autres sciences sociales, et notamment des séminaires, des conférences, des publications et des programmes universitaires. Les domaines de recherche communs incluent par exemple les domaines suivants :
 
• La nouvelle économie institutionnelle met l’accent sur l’importance du rôle joué par les institutions dans la détermination des résultats économiques. Certains écrits de ce courant de pensée se sont récemment attachés à examiner le "monopole" historique, à savoir la manière dont les institutions historiques continuent encore aujourd’hui d’influer sur les résultats économiques. En d’autres termes, ces écrits viennent étayer l’hypothèse selon laquelle "l’Histoire compte".
• Les chercheurs étudiant le processus de développement économique sur le long terme pourraient apprendre beaucoup de l’analyse des phénomènes historiques. De nombreux domaines de consensus économiques sont influencés par les phénomènes économiques observés actuellement dans les pays développés. Analyser ces phénomènes sur une plus grande période pourrait nous permettre de réexaminer un grand nombre de ces domaines de consensus.
• L’Histoire nous fournit beaucoup d’ "expériences naturelles" très intéressantes grâce auxquelles nous pouvons tester plusieurs hypothèses jusqu’alors impossibles à vérifier. Quelques-uns des changements économiques et politiques les plus fascinants ont par exemple eu lieu dans le passé (la Révolution industrielle, la Révolution sanitaire, la Démocratisation). L’Histoire est un laboratoire naturel au sein duquel nous pouvons examiner ces phénomènes et chercher à les comprendre, une initiative qui pourrait éclairer notre vision du vingt-et-unième siècle.
• L’analyse économique des incitations et des institutions pourrait contribuer à l’enrichissement de l’analyse historique des institutions sociales et politiques du passé.