Confinement : le pessimisme et la défiance des Français en nette progression

30 Mars 2020 Débat

Selon une enquête Ipsos-Sopra Steria pour le Cevipof, 86 % des sondés jugent les mesures prises par l’Etat pour protéger la santé des citoyens insuffisantes, voire très insuffisantes.

Après plus d’une semaine de confinement – et l’expérience de ses effets dans la vie quotidienne – combinée à une dramatique augmentation du nombre de décès en milieu hospitalier (+ 431 % entre le 15 et 22 mars, à la veille de nos enquêtes), les représentations des Français vis-à-vis de la pandémie de Covid-19 et leur perception du rôle joué par les autorités chargées de gérer la crise ont connu une brutale inflexion.

Le premier enseignement de l’enquête Ipsos-Sopra Steria pour le Cevipof, le centre de recherche de Sciences Po, menée auprès de 2 000 répondants, est une forte détérioration du moral des personnes interrogées. En l’espace d’une semaine, le pessimisme quant à l’avenir de la France progresse de plus de 4 points, passant à 39,5 %. Les conséquences du coronavirus sont jugées graves sur le plan sanitaire par 89 % des répondants (+ 5 points), voire très graves pour 56 % des répondants (+ 9 points). Le niveau d’anxiété continue de s’envoler pour atteindre 50 % alors que l’espoir se tasse à 37 %.

Seule éclaircie au tableau, le confinement n’a pas (encore ?) produit une dégradation marquée des conditions de vie. En effet, la vie dans le foyer est toujours considérée comme agréable par 36 % des répondants, bien que pour 50 % d’entre eux, la vie confinée ne soit ni agréable ni désagréable.

Spectre d'un déclassement social

Comme l’ont rappelé plusieurs psychologues et sociologues, la période de confinement est fortement révélatrice d’inégalités sociales, au point de les creuser pour certaines catégories. Par exemple, les personnes sans emploi, isolées dans leur habitat, vivant seules, avec une santé déjà fragile, résidant en milieu rural ou chefs de petite entreprise manifestent les formes les plus aiguës de pessimisme quant à l’avenir. La crise sanitaire vient, chez ces groupes sociaux, renforcer, voire accélérer, le spectre d’un horizon incertain, celui d’un déclassement social.

Le deuxième enseignement est de nature politique et porte sur l’évaluation de l’exécutif. La satisfaction vis-à-vis de l’action du président de la République, déjà faible, est en recul de 4 points, à 22 %. L’insatisfaction quant à la gestion de la crise devient majoritaire (56 %), en progression de 10 points en une semaine.

 

Lire l'intégralité de l'article dans Le Monde du 28 mars