Abstract

Peut-on sortir du Postcolonial ? C’est une interrogation qui habite mon imaginaire littéraire mais aussi ma réflexion en tant que journaliste ou de conférencier. Pour y répondre, je me devais d’abord de définir le postcolonial non en tant que concept universitaire dont je n’ai pas la maitrise, mais comme discours qui m’est opposé par des adversaires dans les médias ou comme contre-discours à mes affirmations dans les médias occidentaux. Je devais aussi distinguer ce que l’on m’oppose quand j’écris en Algérie et quand je prends parole en Occident. Virulence, inquisition, procès d’intention et de méthode, réflexion et interrogation, acclamations, je me suis vu opposer un discours qui ne prenait pas en compte mon parcours, les raisons de mon rejet de ce discours et les réalités immédiates dans mon pays. Je me suis retrouvé à vouloir définir cette orthodoxie du postcolonial, liée aux réflexions et urgences d’une génération ou de deux, et essayer d’affirmer un imaginaire et un raisonnement qui veut y mettre fin comme condition, pour moi, de faire irruption dans l’universel et de reprendre parole autrement que comme victime. Projet ambitieux, qui me dépasse, dont je n’ai pour seul outil que l’écriture, la littérature et ce même imaginaire qui affirme sa propre liberté. En quoi je me trompe ? Quel est l’argument de mon discours de « dépassement » ? En quoi la littérature peut être instrument pour me libérer du récit fermé de mon histoire ? Pourquoi ma prise de parole peut être considérer comme enjeu de récupération ou de médiatisation en occident ? Suis-je le portrait de la néo-colonisation comme certains l’affirment en Algérie ou la possibilité, du moins par l’imaginaire littéraire, d’une alternative au discours postcolonial et sa lente transformation en rente ?

Reference

Kamel Daoud, “Le postcolonial est-il une rente ou une légitimité?”, IAST General Seminar, Toulouse: IAST, November 9, 2018, 11:30–12:30, room MF 323.